IncaDivide - Jour 3 : Gros doutes quant à ma capacité à terminer cette épreuve

Malgré un arrêt de 11h au total (ce qui est beaucoup trop long lors de ce genre d’épreuve), je n’ai dormi que deux ou trois heures, peinant à m’endormir à cause d’un rythme cardiaque élevé et un pouls très fort. J’avais pris soin, avant la course, d’acheter toutes les barres d’énergie et gels dont j’aurais besoin pendant la grosse semaine de course qui m’attendait. C’était un choix que j’avais fait de partir très chargé mais de ne pas avoir à chercher de friandises sur la route et uniquement me concentrer sur l’eau et les vrais repas. Aussi, j’avais embarqué avec moi des shots de caféine car je savais que plusieurs athlètes en prenaient et que cela donnait un coup de boost en cas de fatigue. Mais je n’ai jamais eu l’occasion de les tester avant la course et je découvre donc leur effet lors de cette épreuve. Et j’ai l’impression que les deux premiers shots  que j’ai pris jusqu’à présent m’ont totalement empêché de m’endormir. Je ne suis pas sûr que ce soit lié à ces produits caféinés, mais je décide de ne prendre aucun risque et de me débarrasser de ceux-ci afin que le problème ne persiste pas et également gagner un peu de poids dans ma sacoche avant.


C’est donc très peu reposé que je prends la route pour ce troisième jour avec, en guise de petit déjeuner, une ascension sur une piste tantôt sèche, tantôt imbibée d’eau. Si celle-ci ne représente en théorie pas une réelle difficulté, les problèmes commencent néanmoins dans les parties mouillées puisque la boue s’accumule sur les pneus, est raclée par le cadre au niveau des haubans et tombe finalement sur la transmission qui ne tourne plus du tout. Il me faut donc pousser le vélo sur plusieurs kilomètres jusqu’à ce que la boue fasse à nouveau place à de la terre sèche. Je secoue le vélo, le décrotte un peu et, comme par miracle, la transmission fonctionne comme si elle était neuve. J’attaque donc sereinement la descente vers Angasmarca, bien que le leader, Sofiane, nous avait prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à prendre un quelconque plaisir lors de ce segment. Et effectivement, le sol est très caillouteux et la descente extrêmement cassante et pénible.


S’en suivent deux ascensions et descentes très difficiles et peu roulantes qui prennent énormément de temps. De temps à autre, je dois traverser des zones de travaux, suivre des tracteurs qui refont la piste, dépasser l’un ou l’autre camion, le tout en évoluant constamment dans la poussière. En fin de matinée, je commence à chercher un lieu pour manger dans les alentours de Santa Clara de Tulpo, mais il est encore trop tôt et rien n’est ouvert. On m’indique que je devrais trouver de quoi me ravitailler à Mollebamba. Je continue donc ma route et arrive dans ce village, mais à nouveau, aucun lieu n’est ouvert. C’est finalement à Mollepata, peu avant midi, que je trouverai le déjeuner tant espéré. Il avait été en fait commandé par Marcus deux heures plus tôt, mais celui-ci n’est jamais venu le chercher. Peu importe, je m’installe et, en trente minutes, j’avais mangé et embarqué de l’eau et deux sandwich pour la route. Et si j’avais tant cherché à manger copieusement, c’est que la difficulté qui nous attendait était de taille : une ascension de plus de 2h30 jusque Pallasca.


Avant d’atteindre Pallasca, il faut continuer cette descente en gravel, certes pas trop cassante, mais la prudence reste de mise. Au cours de celle-ci, je peux déjà apercevoir ce qui m’attend : un mur composé de plus de soixante lacets en guise de première partie d’ascension, ça promet ! Ces lacets sont majoritairement asphaltés, avec ci et là du sable ou des graviers, mais ceux-ci défilent assez vite. C’est finalement la seconde partie de l’ascension vers Pallasca qui devient plus compliquée puisqu’elle consiste en de longues lignes droites sur graviers et peu roulantes. A nouveau, je traverse des zones de travaux qui soulèvent énormément de poussière, ce qui n’aide pas non plus à la progression vers le village. Et c’est sur les coups de 15h que j’arrive finalement sur la place principale de Pallasca, avec comme objectif premier de trouver de l’eau. Nous sommes vendredi après-midi et il semblerait que les gens fêtent la fin de semaine comme il se doit, tout le monde ayant l’air bien éméché dans ce village ! J’ai peu de réseau mais je reçois plusieurs messages m’informant que Marcus est arrêté à Pallasca depuis plus de deux heures ? J’apprendrai plus tard qu’il a été victime d’une intoxication alimentaire et qu’il ne pourra pas repartir. On m’annonce également que Frederico est 20 km devant moi, ce qui équivaut environ à deux heures d’avance. Ceci devrait lui permettre d’atteindre le village de Tauca, situé à 60 km de Pallasca, alors que je ne devrais pouvoir me rendre qu’à Cabana, situé à 40 km.  Je suis actuellement en cinquième position.


Je continue donc ma lente progression vers l’un des points les plus hauts du jour à près de 3500m avant de redescendre vers le village de Huandoval où mon passage intrigue plusieurs personnes. Je prends rapidement le temps d’expliquer la raison de mon passage, achète deux bouteilles d’eau et je suis déjà reparti. Arrivé au sommet de la dernière difficulté du jour, c’est dans un début de pénombre que j’entame la descente vers Cabana. Une descente qui n’est pas très technique mais qui demande beaucoup de patience et qui est rendue nettement plus compliquée une fois la nuit tombée. Arrivé à Cabana, la première chose à faire est, comme tous les jours, de trouver le plus rapidement un logement. Après quelques minutes, c’est chose faite, même si je dois revoir mes critères de confort légèrement à la baisse. Il faut ensuite trouver un repas suffisamment consistant pour reprendre des forces avant d’attaquer un sommeil réparateur. Une dernière vérification sur le livetracker de la course pour constater que Frederico et moi dormons dans le même village. Drôle de choix de sa part alors qu’il avait largement le temps de se rendre à Tauca et conserver une légère avance. Peut-être ai-je trop la tête dans la course car il s’agit, avant tout, d’une aventure et que l’objectif premier est d’être finisher ! Ce n’est pas forcément évident à ce stade de la course car je n’ai parcouru que 130 km aujourd’hui et je commence à avoir de sérieux doutes sur ma capacité à terminer cette épreuve dans les délais si la route ne redevient pas un peu plus roulante.




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