IncaDivide - Jour 7 : Journée folle et point d’orgue de l’épreuve


Le plan est simple, je me suis couché tôt pour partir très tôt, à 1h du matin. C’est la partie que je redoute le plus puisque nous allons passer la majeure partie de la journée à plus de 4000m. Cette section me fait même peur et je ne veux pas y rester coincé alors que la nuit tombe. Je prends donc mes précautions en partant si tôt. San Marcos est à environ 3000m d’altitude et je dois atteindre les 4500m pour franchir le sommet de la première difficulté du jour. Après calcul, je devrais donc arriver aux alentours de 6h30, ce qui est parfait puisque je vais effectuer l’ascension de nuit mais qu’il fera clair lors de ma première descente. Et c’est exactement ce qui se passe. A 1h précise, je quitte la ville pour me diriger vers les premiers lacets de cette longue montée vers la mine d’Antamina. A cette heure-là, je croise encore pas mal de gens dans la rue, occupés à faire la fête depuis la veille. Ils doivent me prendre pour un fou à faire du vélo à cette heure-ci, mais peu importe. Je réveille également beaucoup de chiens, ce qui fait pas mal de bruit dans toute la vallée. Et ils ont l’air de se passer le mot puisque je suis à chaque fois accueilli de la même façon lorsque je rencontre un nouveau groupe. Cela ralentit légèrement ma progression déjà très lente, mais je reste néanmoins concentré et sur un bon timing. Je rencontre alors les températures les plus froides depuis le début de la course puisque je passe pour la première fois sous les zéro degrés, à -2°C précisément. C’est difficile, mais après 5h30 d’effort, j’arrive, comme prévu, au début de la descente me menant à Antamina. Le décor n’est pas spécialement réjouissant puisqu’il s’agit d’une gigantesque mine à ciel ouvert. A ce moment, je me demande même pourquoi on nous fait passer par ici tant le spectacle est désolant. En plus d’une piste en très mauvais état, le balai incessant des camions n’est pas des plus agréables. Mais je continue ma route et un ouvrier m’informe que je vais bientôt arriver sur une partie asphaltée de la route. Et c’est effectivement le cas, j’accueille le retour de l’asphalte avec un grand sourire. Et je quitte les camions avec autant d’engouement.




La suite consiste à évoluer entre 4200m et 4600m d’altitude. Les montées ne sont pas longues ni pentues, mais à cette altitude, tout prend énormément de temps. A nouveau, il me faut descendre de temps à autres du vélo afin de le pousser et de me reposer sans perdre trop de temps. Les descentes, au contraire, vont très vite puisqu’il s’agit souvent de longues lignes droites agrémentées de grands virages dans lesquels il ne faut pas freiner. Et c’est d’ailleurs lors d’une de ces descentes que je suis rejoint par la voiture média de Didier et David. Alors que je peinais énormément dans les montées, leur présence me donner un coup boost au moral et j’ai l’impression de retrouver de nouvelles jambes dans les montées qui suivent. Et puis je suis content de les revoir car cela me fera au moins quelques photos dans cet endroit magnifique. Parce que depuis le passage de la mine, tout a bien changé. Le décor est somptueux et je suis entouré par de hauts sommets enneigés. J’arrive ensuite au pied de la dernière grosse ascension du jour que j’attaque tranquillement. Il me faut presque 1h30 pour parcourir les 15km et atteindre le col de Yanashalla. Et c’est là que reprend la partie gravel pour une cinquantaine de kilomètres. Je suis maintenant à plus de 4900m d’altitude et je dois évoluer pendant près de 20 km sur une section très peu roulante qui descend légèrement dans un premier temps et qui remonte ensuite. Au point le plus haut, Didier prend ma saturation en oxygène dans le sang à l’aide d’un saturomètre et m’informe que celle-ci est assez faible et que je ferais mieux de redescendre au plus vite. Cela me semble être une bonne idée, sauf qu’à cette altitude, mes freins ne répondent plus correctement, probablement à cause de quelques petites bulles d’air dans le circuit hydraulique, celles-ci se dilatent alors avec le manque de pression atmosphérique. Il suffit de pomper deux ou trois fois et les freins fonctionnent à nouveau. Je prends donc soin de freiner constamment pour ne pas avoir de problèmes. Mais, alors que je suis sur une pente assez légère et que j’ai pris pas mal de vitesse, j’aperçois une crevasse dans la piste. Je veux freiner mais les freins ne répondent pas et je n’ai pas le temps de pomper. Je tente alors de sauter au-dessus de la crevasse mais la réception est compliquée et je tape assez violemment des deux roues sur le sol, provoquant immédiatement une double crevaison (avant et arrière). Retombant sèchement au sol, le guidon tourne également sur la potence, ce qui me déséquilibre et je tombe violemment  sur le côté, heurtant le sol avec ma hanche, mon avant bras et ma tête. Je me relève et imagine alors immédiatement le pire. Autant ce genre d’accident m’aurait probablement poussé à abandonner lors du quatrième jour, autant je n’ai absolument aucune envie de renoncer à cet instant. D’autant plus que Frederico, mon plus proche poursuivant, est à seulement trois heures de moi. Je constate donc rapidement les dégâts, la direction a simplement bougé mais rien ne semble cassé sur le vélo. Si ce n’est que j’ai deux pneus crevés et qu’il me reste juste deux chambres à air. Je change donc la chambre à air à l’avant, gonfle à bloc pour éviter une future pincette qui serait rédhibitoire et installe également une chambre à l’arrière, là où j’étais encore en tubeless et où le sealant n’a également rien pu faire contre la crevaison. Décidément, ce tubeless, que j’encensais tant les premiers jours, n’est finalement pas si extra que cela. Enfin, pas le temps de penser à ce genre de choses puisqu’à l’arrière également je prends soin de gonfler le pneu comme il se doit. Je n’ai désormais plus droit à l’erreur, il me faudra rallier Trujillo sans aucune avarie au niveau des pneus. En tout, j’aurai perdu environ une demie heure, sous les yeux de Didier et David, qui ne peuvent bien évidemment pas m’aider. Un péruvien qui passait par là m’a tout de même donné un petit coup de main en tenant mon vélo pendant que je réinstallais les roues, ce qui est totalement permis par le règlement.





J’atteins finalement le col du Pastorouri peu avant 16h et le paysage est tout simplement époustouflant ! Tous ces efforts pour arriver là en valent mille fois la peine tant le décor est somptueux. J’entame alors une descente de 30 km de gravel, probablement la plus cassante depuis le début de l’aventure. Avec une moyenne très faible et une altitude qui ne diminue que très lentement, je tente de me faufiler comme je peux entre les plus gros cailloux pour ne prendre aucun risque. Cette descente est interminable ! Heureusement que la vue en vaut la peine, mais je n’attends quand même qu’une seule chose, le retour de l’asphalte. Et c’est finalement peu avant la tombée de la nuit, vers 18h que je reviens sur une route de bonne qualité. Pas le temps de faire une pause, je prends directement la direction de Carhuaz et du CP3. Mon idée est alors de m’arrêter là pour dormir mais cela dépend de l’avance que j’ai sur Frederico. Pour l’heure, je n’ai toujours pas de réseau et je n’ai donc pas accès à cette information. Autre petit soucis aujourd’hui mais qui ne m’impacte pas directement, les piles de mon tracker son tombées en panne. Je ne le remarque pas immédiatement, ce qui suscite la panique auprès de mes proches qui ne voient plus mon point bouger depuis 10h du matin. N’ayant pas de réseau, il m’est ensuite impossible de les joindre pour leur indiquer que tout va bien.


Puisque j’arriverai à Carhuaz vers 21h, il me faut trouver à manger car il sera trop tard une fois arrivé là-bas. Je m’arrête donc à Catac dans un petit restaurant et demande le plat qui peut se faire le plus rapidement. A peine l’ai-je commandé que je reçois déjà une soupe suivie d’un plat classique composé de poulet, de riz et de pommes de terre. Ca fera l’affaire, l’objectif est surtout de refaire des réserves pour demain. Je reprends la route vers le CP3 et tout se fait en descente avec, ci et là, quelques petites montées, mais rien de comparable à ce que j’ai fait plus tôt dans la journée. Je descends assez vite, à près de 30 km/h de moyenne, vitesse que je n’avais plus faite depuis un bon moment. Et c’est donc à 21h que j’arrive à Carhuaz, comme je l’avais espéré. Je regarde rapidement le livetracker pour constater que Frederico est dans la descente vers Catac. J’ai donc entre deux et trois heures d’avance sur lui. J’hésite un moment à repartir, mais après plus de 17 heures passées sur le vélo, je me dis qu’un petit repos ne peut pas me faire de mal. J’ai donc trois heures avant de repartir si je ne veux prendre aucun risque et je décide donc de prendre une chambre dans l’hôtel qui accueille le CP3. Après avoir préparé mes affaires, je me couche vers 22h et mets mon réveil à minuit.

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